Comment conjuguer désir et sentiments dans notre vie ?
Quand je désire l’autre, suis-je dans une danse à deux ou dans l’envie pressante de le posséder ? L’amour est-il altruiste et le désir égoïste ? Ou le contraire ? Aveuglé par le désir puis-je me croire amoureux ? M’arrive t-il de désirer quelqu’un sans l’aimer ? D’aimer quelqu’un sans le désirer ? Le désir peut-il naître de la découverte progressive de l’autre ? Est-il sujet de son esthétique ? La sexualité peut-elle devenir un chemin de découverte inattendu de l’autre ? Si mon désir pour mon ou ma partenaire baisse avec le temps, pourrai-je alors l’aimer encore ? …
Voici quelques éléments saillants de nos discussions de ce cinquième café psycho :
- Il est étrange de ne pas se connaître mieux, de ne pas avoir cherché plus, malgré les expériences et l’intérêt porté à la relation amoureuse et sexuelle.
- La lune de miel dure trois ans, puis quand ça ne marche plus, on casse. Est-il possible de dépasser ce cap en s’autorisant à ré-essayer dans le même couple ?
- En vieillissant, on n’aime pas de la même façon.
- « Il faut toute une vie pour se mettre au monde » ; titre d’un livre de Marie de Hennezel et Bertrand Vergely
- La sexualité quand on est jeune, c’est tabou.
- Quand on est femme, épouse, mère, une bonne mère, faire l’amour sans faire de bruit à cause de la présence des enfants devient une habitude, même si ce n’est ni honteux ni interdit.
- Quand on est femme, épouse, mère, on peut se surprendre à aimer un homme d’une façon maternelle.
- Les premiers temps de la relation amoureuse sont « des moments déchirants de bonheur ». On voudrait que ce soit toujours comme ça.
- L’amour est une drogue dont on a besoin tout le temps.
- Comment ne pas me perdre dans la relation à cause de ma peur de perdre la relation ?
- En amour, il est étrange de ne pas se connaître pour ne pas avoir cherché, malgré les expériences et l’intérêt pour la chose.
- Quand le désir des premières années diminue, comment reconstruire sans tout casser ?
- Dans un couple, chacun aime l’autre d’une façon singulière
- Quand on est jeune, c’est tabou. Ouis on devient mère, épouse et on commence à faire l’amour sans bruit pour ne pas être entendu par les enfants alors que ce n’est ni honteux ni interdit.
- L’amour et la sexualité : des moments déchirants de bonheur
- Quand j’ai aimé certains hommes, c’était plus proche d’un amour maternel.
- Je reconnais qu’une relation me fais du bien quand je m’intéresse à ce qu’il fait, que je me sens exister, à l’aise pour lui répondre, épanouie, sûre de moi, quand on a des points en commun. Quand je me sens détendu, authentique, sans barrière, en fusion, déconnecté de l’analyse, en connexion, à un même niveau de confiance.
- L’amour et la douleur, ça va ensemble.
- Sans amour, comment se tenir ?
- J’aime que la personne qui m’aime m’aime comme je l’aime.
- L’amour, c’est deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, s’inclinant l’une vers l’autre. André Comte-Sponville
- Conseil de lecture : « Le Sacrifice interdit : Freud et la Bible » de Marie Balmary
Christiane Singer dans « Eloge du mariage, de l’engagement et autres folies » Ed. Albin Michel
« Entre le désir profond de se lier, de s’engager corps et âme, et le désir tout aussi profond de préserver sa liberté, d’échapper à tout lien, quel tohu-bohu ! Or, pour vivre ces exigences contradictoires et d’égale dignité sans être écartelé, il n’y a aucun secours à attendre ni de la philosophie, ni de la morale, ni d’aucun savoir constitué. Il est probable que les seuls modèles adaptés pour nous permettre d’avancer sont la haute-voltige et l’art du funambule. Un mariage ne se contracte pas. Il se danse. A nos risques et périls. »
(…)
« La vraie aventure de vie, le défi clair et haut n’est pas de fuir l’engagement mais de l’oser. Libre n’est pas celui qui refuse de s’engager. Libre est sans doute celui qui ayant regardé en face la nature de l’amour – ses abîmes, ses passages à vide et ses jubilations – sans illusions, se met en marche, décidé à en vivre coûte que coûte l’odyssée, à n’en refuser ni les naufrages ni le sacre, prêt à perdre plus qu’il ne croyait posséder et prêt à gagner pour finir ce qui n’est coté à aucune bourse : la promesse tenue, l’engagement honoré dans la traverse sans feintes d’une vie d’homme. »
(…)
« Ce qui rend le mariage si fort et si indestructible, c’est qu’il réunit un homme et une femme autour d’un projet. D’un projet fou. Souvent voué à l’infortune.D’un défi quasi impossible à réaliser et impérieux à oser. Le drame serait de ne pas tenter l’impossible, de rester, une vie entière, à la mesure de ce qu’on peut ».
« Sexe » selon le dictionnaire des symboles de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant éd. Robert Laffont),
« ce n’est point la réalité physique du sexe qui intéresse la symbolique, mais la signification dont le sexe est affecté dans l’imagination des peuples. Or, chaque être, du point de vue des symboles, tient à la fois du masculin et du féminin, comme du soleil et de la line, du Yang et du Yin, de l’esprit et de l’âme, du feu et de l’eau, du principe actif et du principe passif, de la conscience et de l’inconscient. Le sexe est non seulement la dualité de l’être, mais sa bipolarité et sa tension interne. Quand à l’union sexuelle, elle symbolise la recherche de l’unité, l’apaisement de la tension, , la réalisation plénière de l’être. C’est pourquoi les poèmes mystiques empruntent le langage érotique, pour tenter d’exprimer l’ineffable union de l’âme avec son Dieu. »
Didier Dumas dans « Et si nous n’avions toujours rien compris à la sexualité ? » (Ed. Albin Michel)
« Dans l’enfance, l’activité mentale originaire permet de s’autoconstruire dans la relation aux parents. A l’âge adulte, il en va de même dans les relations amoureuses : lorsqu’on aime quelqu’un, c’est son propre avenir qu’on investit en lui. L’amour est ainsi, à tout âge, l’énergie avec laquelle on construit son futur. Chez l’enfant, l’amour qu’il porte à ses parents est le principal moteur de son évolution. Tous les thérapeutes le constatent : si pour une raison ou une autre, il n’arrive plus à les aimer, l’enfant l’exprime à travers toutes sortes de symptômes qui mettent sa vie ou son évolution en danger. De même chez l’adulte, abandonné par l’homme ou la femme qu’il aime, celui-ci peut perdre goût à la vie. L’amour ne sert donc pas qu’à reproduire l’espèce. Il sert aussi à s’autoconstruire dans la relation à l’autre : de la même façon que la mère est pour le petit enfant un espace mental au sein duquel il se construit, l’amour est pour l’adulte un espace d’autoconstruction, dans lequel la mère est remplacée par celui ou celle qu’on aime.
il est donc absurde de penser que l’amour puisse être tout beau et tout gentil. Dans la mesure où aimer quelqu’un consiste à investir son propre futur en lui, l’amour est, à sa base, profondément égoïste. A ne pas savoir reconnaître cette dimension égoïste de l’amour, les amants se persécutent.
(…)
« En réalité, ce n’est pas le pulsionnel, mais le fait que l’amour serve à s’autoproduire dans la relation à l’autre, qui fonde sa principale difficulté. Quand on divorce ou se sépare, c’est que l’un des deux n’arrive plus à investir son futur dans cette relation. Inversement, si on tient à la personne avec qu l’on vit, c’est que sa rencontre a à ce point changé sa vie que l’on ne peut imaginer de la poursuivre sans elle »
(…)
« L’être humain a la possibilité de choisir la partie de lui-même qu’il investit dans une action. Il peut se cliver par le haut ou par le bas, en s’enfermant dans sa tête ou en n’étant que dans son sexe. Par le haut, dans la pensée, il peut exclure son cœur, le séparer de son esprit pour s’enfermer dans la raison pure. Par le bas, il peut également séparer ses ses sentiments de son sexe, ce qui permet d’en jouir sans prendre le risque de la dépendance et des contraintes qu’implique une relation d’appartenance. En revanche, l’amour peut exister sans impliquer le sexe. Une relation chaste peut avoir la même intensité qu’une relation sexuée. Dans ce cas, l’amour ne perd pas sa valeur thérapeutique, car c’est l’amour et non le sexe qui, dans la construction et l’évolution de l’être humain, est l’énergie de liaison qui nous attache les uns aux autres dans le besoin, la dépendance et le désir de communiquer.
Tony Anatrella dans « Le sexe oublié » (ed. flamarion)
« On reconnaît volontiers l’organisation très narcissique des personnalités contemporaines. Elles limitent leur évolution et ne peuvent accéder à une relation objectale dans laquelle l’autre serait accepté et estimé pour lui-même, et non pas comme le prolongement de soi. En réalité, ces psychologies narcissiques cèdent vite le pas à des formes plus régressives, moins construites, moins en interaction et en dialogue dans la vie subjective. Ce sont surtout les mouvements de l’auto-érotisme qui vont alors être privilégiés, orientant les personnalités dans des conduites sensorielles immédiates, exprimant le besoin d’être constamment stimulées par des évènements ou des produits extérieurs à elles ».
Willy Passini dans « Eloge de l’intimité », Ed. Payot
« Deux processus psychologiques sont nécessiare pour rendre possible l’intimité : l’identification projective et introjective. Dans le premier cas, il faut être capable de se mettre dans la peau de l’autre sans se perdre, sans devenir l’autre. Dnas le second cas, il faut être réceptif aux messages de l’autre, disposé à le laisser entrer dans sa propre intimité sans craindre d’être envahi ou contaminé par lui. »
(…)
Intimité, pédagogie et bon sens, 5 conseils de bon sens :
- VALORISER LES MESSAGES POSITIFS. De nombreux couples sont analphabètes du pont de vue de la communication : ils ne se parlent pas ou s’ils le font, c’est uniquement pour se dire ce qui ne va pas. Ils considèrent comme acquis les aspects positifs de leu union et ne les jugent pas dignes d’être verbalisés. C’est une erreur grâce. Ce faisant les conflits sont radicalisés, alors qu’ils pourraient être relativisés si tout ce qu’il y a encore de positif dans l’union était souligné.
- SE DISPUTER SANS SE DÉTRUIRE. Nous avons vu que l’intimité peut être détruite plus facilement par de l’hostilité que par un manque d’érotisme. Apprendre à se disputer sans se détruire est certainement mieux que renoncer totalement au dialogue, en risquent de tomber dans l’indifférence.
- NOURRIR LE COUPLE. Nourrir ses enfants ou ses animaux domestiques ne suffit pas. Il ne faut pas oublier de nourrir affectivement le couple : c’est une structure dynamique qui ne survit pas par magie, c’est comme un sorte d’entité extra-terrestre. Même le couple a des besoins, et il faut aller au delà de l’image idéalisée que l’on veut bien voir de lui, image qui n’est rien d’autre qu’un résidu de fantasmes enfantins – dans l’enfance, on attribue aux parents la capacité de donner sans rien demander.
- RESPECTER L’ALTÉRITE. Quelle que soit l’intimité du couple, elle ne doit pas finir par exclure les besoins légitimes de chaque individu. Nous l’avons souligné, intimité ne veut pas dire fusion mais respect des autonomies réciproques.
- GARDER UN ÉQUILIBRE DYNAMIQUE. Le mariage n’est pas une assurance-vieillesse. Même dans un rapport de longue durée, il et nécessaire que le couple garde la capacité de se renouveler. Il doit surtout essayer de ne pas ressembler à ces partis politiques apparemment à l’abri de toute possibilité de changement. A la différence de ce qui se passe au Parlement où on réélit souvent les mêmes, la crise du couple, elle, conduit nécessairement à des substitutions de personnes et de rôles.
Autre conseils de livres et de films (envoyez-moi les votres afin qu’il viennent enrichir cette liste):
- « Femme désirée, femme désirante » Dr Danièle Flaumenbaum – Ed. Payot
- « Pour une vie réussi, un amour réussi » Arnaud Desjardins Ed.Pocket
- « Lady Chaterley », un film de Pascal Ferran – 5 Cesar 2007