Dans l’omelette aux lardons, la poule est concernée et le cochon est impliqué. Jake Calabrese, 2014
Dans les champs de la psychologie et de la spiritualité, le détachement apparaît comme un renoncement aux influences extérieures, bonnes ou mauvaises, jusqu’à une certaine indifférence. Cela peut signifier ne plus rien attendre de la possession de biens matériels, sortir d’une emprise, renoncer à une addiction, voire ne plus être ébranlé par quoi que se soit.
La notion d’implication, elle, semble aller dans une direction opposée à celle du détachement. Elle est proche du domaine de l’engagement, consenti ou forcé, elle évoque le lien fort que l’on peut avoir avec une cause ou une action, elle nous plonge dans un processus dont on n’est pas entièrement maître. La personne impliquée n’est pas seulement concernée tout en restant spectatrice.
Détachement et implication semblent donc inconciliables. Cependant, le détachement pourrait être envisagé comme un renoncement à la conquête de soi, à sa propre volonté, à ses propres espoirs. Pas au sens de l’abandon de son identité, ni de sa pulsion de vie, ni du goût que l’on a pour telle ou telle chose. Le sens est ici de ne pas s’entêter à posséder ou même améliorer ce que l’on a obtenu. Il s’agirait ici de ne pas se reposer sur ses lauriers, sur ce qui fonctionne mais que l’on ne questionne plus ; qui s’est en quelque sorte figé dans le meilleur comme dans le pire. Cet acquis, devenu certitude, peut être une vieille peau qui restreint le mouvement de vie qui pousse dessous.
Est-il possible de se détacher de celui que l’on est devenu, de celui que l’on croit être soi, et même le meilleur de soi, tout en étant impliqué dans sa vie ? Comment serait-il envisageable de consentir à devenir qui l’on est sans tenir qui l’on est ? Comment cela se conjuguerait-t’il dans nos trajectoires familiales, amoureuses, professionnelles, etc. ? Quelle incidence cette pensée aurai-t-elle sur notre rapport à notre corps, à nos sentiments, à nos croyances ?