Le féminin, pas plus que le masculin, n’est un concept aisément accessible. Selon l’Analyse Psycho-Organique, une femme ou un homme peut accéder à sa dimension féminine à l’occasion d’un dialogue intérieur entre ce qu’elle/il a vécu au contact de sa mère réelle et la représentation qu’elle/il a de sa « mère symbolique », c’est à dire l’instance maternelle qui aurait été bonne pour lui. Cela demande une introspection, un processus souvent long qui conduit à lâcher les seuls exemples féminins réels plus ou moins satisfaisants qui ont entouré la personne. Vivre sa féminité, pour une femme, ou vivre en harmonie avec la féminité, pour les deux sexes, n’est pas chose aisée.
D’autant que le féminin définit non seulement des caractéristiques physiques et psychiques, a non seulement une histoire, des mythes, mais pose, par son existence même, la différence des sexes. Tous ces plans s’entrecroisent et complexifient l’appréhension du féminin.
D’après l’Encyclopédia Universalis, le mot féminisme aurait été emprunté par Alexandre Dumas fils en 1872 au langage médical. Ce dernier, en 1870, désignait par féminisme un « arrêt de développement et un défaut de virilité chez le sujet masculin ».
Dans la sphère politique, le féminisme désigne le mouvement des femmes qui veulent l’égalité avec les hommes.
Dans les deux cas, le terme féminisme indique un aplanissement de la différence sexuelle.
Le féminin rencontre alors un problème : il est spécifique et signe la différence des sexes alors que le féminisme combat pour l’abolition de la différence des sexes.
Personne ne peut nier la justesse du combat pour un monde plus juste et moins violent, pour l’arrêt des violences sexistes et sexuelles faites aux femmes, pour l’arrêt de l’oppression et des discriminations dont sont victimes les femmes au quotidien, pour leur émancipation du pouvoir masculin.
Mais sur un plan intime, comment vivre paisiblement la singularité du féminin quand les femmes ont encore à se comparer aux hommes pour obtenir le respect ? Comment rester en accord avec des valeurs féminines et les faire grandir quand il faut que les femmes employent des procédés masculins pour être entendues ? Pourquoi les femmes ne seraient-elles pas des hommes comme les autres ? N’est-ce qu’aux femmes à défendre le féminin ? Qu’ont à gagner les hommes à laisser le féminin prendre sa place? Qu’est-ce que le féminin a d’incomparable au masculin ?
Mercredi, chers femmes, chers hommes, je vous propose de venir partager vos expériences de la féminité et du féminisme.
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* « L’Analyse Psycho-Organique. Les voies corporelles d’une psychanalyse. » Ed. L’Harmattan. Eric Champ, Anne Fraisse, Marc Tocquet, 2015