Parfois, dans nos vies, nous répétons des situations que nous savons pourtant douloureuses pour nous, mais aussi des situations d’évitement de choses apparemment bonnes pour nous.
Commel’écrit Éric Champ*, « […] paradoxalement, nous ne répétons pas nos schémas internes uniquement par commodité pratique et adaptative ou par défaillance pathologique. Nous répétons aussi pour guérir. Les besoins, les désirs font que ce qui n’a pu se vivre précédemment reste et se représente. […] D’un côté, l’espérance que ce qui n’a pu se réaliser arrive enfin, mais aussi la croyance que les empêchements du passé ne s’en iront pas (Paul Boyesen, 2004, p. 322) […]».
Face à ce constat, qui peut émerger en psychothérapie ou dans d’autres situations, nous manifestons parfois notre exaspération de tourner en rond ainsi que notre désir « d’avancer enfin ». Avancer : d’accord, mais vers où, vers quoi, vers qui ? Tant que l’objet de nos répétitions ne nous est pas sensible, à vouloir avancer à grands pas, nous nous exposons à deux écueils.
Une errance, longue et infructueuse, vers un mirage, un idéal, un horizon qui se dérobe à mesure que nous l’approchons car, au fond, il n’est pas ce que nous attendons.
Et, en tournant le dos à ces ronds que nos vies dessinent autour d’un point aveugle et néanmoins centripète, nous nous privons d’une source de sens potentiellement puissante. Un puits de sens si nous acceptons d’y descendre.
Ce chemin de l’approfondissement est le père de nombreuses philosophies et thérapies. C’est un processus en spirale hélicoïdale qui tend à circonscrire l’objet de notre paradoxale « quête-évitement » ; une sorte de lent apprivoisement.
Mercredi, je vous invite à venir tourner autour du pot, chacun le sien, afin d’apprivoiser un peu ce thème de la répétition.
—
* Éric Champ, psychologue clinicien et analyste psycho-organique, dans « L’Analyse Psycho-Organique. Les voies corporelles d’une psychanalyse », éd. L’Harmattan, 2015, page 260