faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais
Le « non-réalisé » est une concept central en Analyse Psycho-Organique. Il désigne le « pas encore là », ce qui n’a pu encore être vécu et crée de la souffrance chez le sujet. Les aspects de notre histoire, comme le dit René Roussillon, que nous tenons à distance en attendant de les subjectiver. Ce processus où « le sujet se désengage, se retire de l’expérience qu’il laisse en jachère jusqu’à l’éventualité d’une rencontre avec un objet et un dispositif qui lui permettront de retramer le tissu de sa vie psychique » (René Roussillon, 1999).
Que fais-je de ce que je ne fais pas pour moi dans ma vie ici et maintenant ? J’en dis quoi de ce que je ne dis pas de moi, d’essentiel pour moi, quand je parle ? Il est compliqué de répondre à ces questions. Et puis, dans le fond, avons-nous envie de nous y atteler ?
Ce mercredi 4 février, pour tenter quelques pas sur ce chemin, nous étions plusieurs autour de la table.
En psychothérapie, nous disent Éric Champ et Marc Tocquet, dans « la clinique du négatif ou du dissimulé, […] le clinicien s’intéresse à ce que l’analysant ne dit pas et ne fait pas. […] Ce que le patient évite ou contourne présente autant d’intérêt que ce qu’il réalise ou dit effectivement. » (Éric Champ et Marc Tocquet, article « De la psychanalyse freudienne vers une psychanalyse intégrative » issu du nouvel ouvrage « Les fondements des psychothérapies« , 2014).
Je vous propose d’éclairer et de regarder, toujours et encore, nos lignes de fracture, de tenter d’échafauder des ponts entre nos rives du réel et celles d’une réalité fantasmée, d’identifier les « faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais ». Peut-être le miroir de l’autre va t-il nous dévoiler que nous faisons « comme si nous n’avions rien vu, rien entendu, rien ressenti, mécanisme de déni par lequel la réalité même d’une perception est abolie ». (Alain Ferrant, 2012).