S’exprimer pour s’incarner, La parole fécondante, était le sujet de notre dernier café psycho. Celui de mercredi prochain vous propose d’approfondir la mise au monde de soi avec l’autre. Paul Boyesen parle de démarche existentielle et co-existentielle.
L’angle de cette nouvelle rencontre sera l’importance d’un langage commun entre soi et l’autre dans la co-naissance de soi.
Dans ma vie, ma pratique de thérapeute, lors de nos rencontres dans ce café psycho, je mesure la primauté pour advenir à soi-même, de se dire devant l’autre en se sentant vraiment écouté. Deux êtres qui se rencontrent pour la première fois cherchent immédiatement une langue commune. Les religions, les mythes nous en parlent comme une voie de sortie du chaos, du vide, de la confusion. Chez tous les être vivants, le langage nait de la nécessité vitale de communiquer. Il est le vecteur vers l’autre et donc vers soi comme nous en parlions le mois dernier.
Bien entendu, le corps a son propre langage. Dans le livre « Et si nous n’avions toujours rien compris à la sexualité« , éd. A.Michel, Didier Dumas écrit « l’union sexuelle est cette tentative de retrouver la langue universelle ». Mais seul, ce mode de dialogue ne survit pas à la séparation des corps, à l’instauration d’un entre deux. La création de symboles, d’objets conceptuels et signifiants reconnus de part et d’autre et qui survivent à la séparation d’avec l’autre, est la condition sine qua non de la co-existence entre les êtres. « Je peux vivre ma séparation et assumer ma différenciation avec toi si un espace connu, fiable et accessible existe entre moi et toi, que cet espace ne soit pas un vide mais un pont que je puisse emprunter en sachant que je peux revenir, chez moi, chez toi. »
Les mots sont des symboles qui créent un espace où se rencontrent le sens de ma vie et le sens de la vie de l’autre. J’échange avec lui, nous explorons nos mondes dans un langage commun et finalement nous trouvons nous-mêmes. Dans cet espace de rencontre ou je me sens entendu, je découvre que je peux créer là, que je peux y « produire » ma vie, et bien au delà de moi produire de la vie.
Je vous propose quelques pistes de questionnement d’ici mercredi. Quelle est l’importance que j’accorde à cet entre deux avec l’autre ? Quel est le champ langagier dans lequel je me sens le plus à l’aise : celui du corps, des émotions, de l’image, des mots, … A quels signes et sensations puis-je reconnaître l’existence ou non de ce langage commun avec l’autre ? Quels sont les mots qui me sont nécessaires chez l’autre ? Comment sais-je que je me sens écouté(e) ? Comment vis-je cet espace entre moi et l’autre, de ne pas être collé-sans-mot avec lui ? Comment est-ce pour moi quand je pose ma parole, que je sens que l’autre l’a entendue, mais qu’il n’y répond pas comme je l’aurais souhaité ?