Les virages dans nos vies
Les virages dans nos vies

Les virages dans nos vies

Comment vivons-nous les passages dans nos vies ?

La naissance, l’adolescence, la vie adulte, un déménagement, un licenciement, le mariage, la vie à deux, la naissance d’un enfant, l’ado qui part, la crise de la milieu de vie, le divorce, le deuil d’un proche, … Comment négocions-nous ces passages de l’avant à l’après, ces virages ? Rentrons-nous alors dans une vie-rage* ? Reconnaissons-nous des processus personnels qui semblent identiques quelque soit le passage en question ?
* Paul Boyesen, créateur de l’Analyse Psycho Organique.


Voici quelques éléments saillants de notre discussion de ce second café psycho :

  • Faire un passage demande de laisser des choses dans le passé, et de choisir d’en garder d’autres que l’on retrouvera, avec une œil neuf,
  • Cela demande d’accepter de perdre un certain nombre de ses repères, sortir des sentiers battus, de nos vieilles habitudes, d’aller vers l’inconnu,
  • Cela peut nous demander d’accepter d’être le premier de sa lignée à faire un choix différent,
  • La peur, le conformisme, le poids ressenti du regard de la société sur nos choix peuvent empêcher de passer à autre chose,
  • « S’attendre à l’inattendu » selon une citation de Christian Bobin :

    « Sans doute l ‘avez-vous remarqué : notre attente – d’un amour, d’un printemps, d’un repos – est toujours comblée par surprise. Comme si ce que nous espérions était toujours inespéré. Comme si la vraie formule d’attendre était celle-ci : ne rien prévoir, sinon l’imprévisible. Ne rien attendre, sinon l’inattendu. »

  • La résilience permet d’effectuer des passages malgré le traumatisme,
  • Se changer soi changer le monde,
  • Pour effectuer un passage, il est nécessaire de n’être « pas sage » par rapport à ses croyances, à ses anciens engagements, aux codes de son milieu social, …
  • Le conflit ou des mots comme « les quitter » ou « me tirer » peuvent apparaître lors d’un passage d’un « avant » vers un « après ».

 


Voici quelques références bibliographiques en lien avec ce sujet :

Accepter la perte – Anne Fraisse  (Manuel enseignement Efapo n°6)

« Après avoir pris le temps de considérer, d’estimer, d’évaluer, de penser, d’élaborer, de faire le tour d’une question vient le temps de choisir, de s’engager, de renoncer, de perdre. Or il y a des personnes qui n’arrivent pas à faire un choix. Pourquoi ? Souvent parce qu’elles ne veulent pas renoncer, perdre l’illusion d’une toute puissance. Choisir implique d’être conscient, responsable, libre et d’accepter la perte.  »
(…)
« Après s’être séparé de la mère, il est nécessaire de se séparer du père pour aller vers le monde, passage de l’endogamie vers l’exogamie, de l’énergie centripète vers l’énergie centrifuge, processus d’individuation qui invite chacun à se différencier au plus haut point de l’autre pour mieux le rencontrer »
(…) 

 


Les 5 phases de la naissancePaul Boyesen – (Manuel d’enseignement EFAPO n°3)

Conception
Les conceptions appartiennent au monde symbolique, précisément parce qu’elles ne sont pas réelles, du moins pas encore. Il y a là une décision.

Incarnation
Incarner l’idée c’est à dire être là. Nombreux sont ceux qui font des projets mais il arrive qu’ils ne soient pas là pour les réaliser.  Il peut y avoir une crainte d’être, et d’être là.

Mouvement
Vous êtes là, cela implique une impulsion, un désir, une pulsion, un but qui est porteur du pourquoi de votre présence. Mais peut-être votre attention a t-elle été détournée du pourquoi initial de ce rendez-vous ? Il se caractérise par une « action intérieure » de commencer à incarner le sens (la signification) d’être là ou vous êtes, grâce à la sensation du plaisir du désir. De fortes émotions peuvent se libérer lors du mouvement : des formes d’expression refoulées ou inhibées ; cela apporte un soulagement et permet que l’identité émerge (cf le travail de Wilhem Reich et Alexander Lowen).

Passage
Cette étape consiste à faire face à tout obstacle et à le franchir. C’est celle du passage de ce qui est là (réalité effective) pour actualiser votre conception (idée, désir, pulsion et projet, etc.) dans une nouvelle réalité. Le passage comporte une réalité déjà existante différente du désir que l’on cherche à actualiser. Cela, par définition, entraîne une friction (l’obstacle). Il est fort probable que dans ce moment de friction difficile vous perdiez l’idée que vous aviez, ou même le désir de votre projet initial (idée).

Il en découle qu’à ce stade , vous pouvez être pris dans une bagarre, vous êtes tentés d’éviter le conflit, de retirer votre idée de changement ou même d’abandonner. Et enfin il est possible que vous vous adaptiez tout simplement à la réalité actuelle (à ce qu’elle révèle, etc.) Peut-être avez-vous besoin d’une aide pour le passage, une autre conception (idée) meilleure ou pire peut se présenter, elle vient de vous, d’un autre (ou des évènements).

La friction est aussi un défi : confronter nos désirs à la réalisé. Face à la réalité on peut douter de la valeur de nos projet. On peut même perdre le « bon » ressenti  lié à l’idée  et commencer à se résigner ou même incarner le doute de différentes manières compliquées, voire se retirer jusqu’à ne plus être, ou s’interroger sur leur droit véritable de concevoir quelque chose qui soit différent de la réalité existante.

Nous donnons une nouvelle naissance à une réalité passée.

C’est pour cela qu’une psychothérapie peut être parlée et non sentie. C’est pour cela qu’on peut être là sans vraiment être là.

Union réunion
La cinquième phase serait une transformation. Elle consiste à arriver dans une nouvelle réalité avec votre projet (idée) en partie ou en totalité (union/réunion).
Votre projet s’unit dans une nouvelle réalité, où la vieille réalité existe dans la réunion, soit comme une mémoire soit comme une réalité qui se situe ailleurs. C’est comme le fait de sortir d’un espace pour aller dans un autre. Cela s’apparente aussi au fait d’avoir parlé ou d’avoir achevé une action – quelque chose s’est accompli. Mais il est évident que dans la plupart des cas, la transformation réelle des choses peut être minime par rapport à ce qui était initialement souhaité.

 


Symbolique de la MORT Dictionnaire des symboles, Jean Chevalier, Alain Gheerbrant – Ed. Robert Laffont/Jupiter)

La mort signifie la fin absolue de quelque chose de positif : un être humain, un animal, une plante, une amitié, une alliance, la paix, une époque. On ne parlera pas de la mort d’une tempête, mais de la mort d’un beau jour.
En tant que symbole, la mort est l’aspect périssable et destructible de l’existence. Elle indique ce qui disparaît dans l’inéluctable évolution des choses : elle se rattache à la symbolique de la terre. mais elle est aussi l’introductrice dans des mondes inconnus des Enfers ou des paradis ; ce qui montre son ambivalence, comme celle de la terre, et la rapproche en quelque sorte des rites de passage. Elle est révélation et introduction. Toutes les initiations traversent une phase de mort, avant d’ouvrir l’accès à une vie nouvelle. En ce sens, elle a une valeur psychologique : elle délivre des forces négatives et régressives, elle dématérialise et libère les forces ascensionnelles de l’esprit. Si elle est par elle-même fille de la nuit et sœur du sommeil, elle possède comme sa mère et son frère le pouvoir de régénérer. Si l’être qu’elle frappe ne vit qu’au niveau matériel ou bestial, il sombre dans les Enfers; s’il vit au contraire au niveau spirituel,  elle lui dévoile des champs de lumière. Les mystiques, d’accord avec les médecins et les psychologues, ont noté qu’en tout être humain, à tous les niveaux d’existence, coexistent la mort et la vie, c’est-à-dire une tension entre des forces contraires. la mort à une niveau est peut-être la condition d’une vie supérieures à un autre niveau.
(…)
Il n’empêche que le mystère de la mort est généralement ressenti comme angoissant et figuré sous des traits effrayants. C’est, poussée à son maximum, la résistance au changement et à une forme d’existence inconnue, plutôt que la crainte d’une résorption dans le néant.

 


Les 5 étapes du deuil

Dans ses travaux Elisabeth Kübler-Ross cite cinq étapes d’un deuil :

  1. DÉNI
    nous  refusons de croire ce que nous venons d’apprendre ; une perte. Courte période pendant laquelle les émotions ne semblent pas nous atteindre. Puis s’installe le sentiment de perte.
  2. COLÈRE
    un sentiment de colère s’installe face à la perte. La culpabilité peut s’installer. C’est une période de questionnements.
  3. MARCHANDAGE
    nous négocions, usons parfois de chantage pour récupérer tout ou partie de ce qui a été perdu.
  4. DÉPRESSION
    une grande tristesse nous envahit, ainsi que des remises en question, de la détresse. Nous avons alors parfois l’impression que nous ne terminerons jamais le deuil car nous avons vécu de fortes émotions et une grande tristesse.
  5. ACCEPTATION
    Dernière étape du deuil où nous commençons à nous récupérer. La réalité de la perte mieux comprise et acceptée. Nous pouvons encore ressentir de la tristesse, mais nous avons réorganisé notre vie, en intégrant la perte.

Parfois, nous revisitons certaines étapes passées de ce deuil avant d’aller de l’avant de nouveau. Pour traverser la période de deuil, il est utile de comprendre ce que l’on vit et de partager ses sentiments et émotions avec des proches ou des gens qui vivent également un deuil. Ces étapes ne se succèdent pas forcément. Il ne s’agit pas d’un mécanisme inévitable.